Dans le cas des déversements pétroliers survenus
au cours des dernières années, voire les derniers mois, on serait presque en
droit de changer l'adage! Le cas récent du déversement de pétrole lourd près de
Fort McMurray en Alberta ne fait que s’ajouter à ceux qui se sont produits dans
les dernières années.
On nous dira que des incidents d’une telle
ampleur ne sont pas coutume. Mieux encore, on cherchera à nous rassurer en
disant que le transport d’hydrocarbures par oléoduc est le plus sécuritaire de
tous. Certes, il est vrai que les déversements extraordinaires, comme celui
dont nous venons d’être témoins, ne sont pas la norme.
Néanmoins, les plus récentes données canadiennes indiquent qu'entre 2004 et 2013, pas moins de 19 déversements majeurs d'au moins un million de litres (6 300 barils) de pétrole ont eu lieu au pays en provenant d'oléoducs. À cela s'ajoutent près de 950 déversements de plus petite envergure. En fait, ces données nous révèlent que le nombre d'incidents liés au transport d'hydrocarbures par oléoducs n'a cessé d'augmenter durant la même période.
Néanmoins, les plus récentes données canadiennes indiquent qu'entre 2004 et 2013, pas moins de 19 déversements majeurs d'au moins un million de litres (6 300 barils) de pétrole ont eu lieu au pays en provenant d'oléoducs. À cela s'ajoutent près de 950 déversements de plus petite envergure. En fait, ces données nous révèlent que le nombre d'incidents liés au transport d'hydrocarbures par oléoducs n'a cessé d'augmenter durant la même période.
Figure
1. Nombre d’incidents liés au transport
d’hydrocarbures par oléoducs au Canada entre 2004 et 2013. Source : www.tsb.gc.ca/fra/stats/pipeline/2013/sspo-2013.asp
Quelques
chiffres
Outre la question du type de moyen de transport
d’hydrocarbures, si on s’attarde à quelques exemples récents de déversements de
pétrole qui se sont produits au cours des dernières années, voici le portrait
robot qui nous est permis de constater :
- 26 juillet 2010 : la rupture de la ligne 6B d’Enbridge provoque la fuite plus de 3
millions de litres (20 000 barils) de pétrole bitumineux dans la rivière
Kalamazoo, au Michigan
- Mai 2011 : un déversement de 4 000 litres (25 barils) de pétrole survient de lastation de pompage de l’oléoduc 9B exploitée par l’entreprise Enbridge à
Terrebonne.
- 6 Juillet 2013 : le tragique incident de Lac-Mégantic a non seulement coûté la vie à 47
âmes, mais a également laissé échappé près de 6 million de litres (38 000
barils) de pétrole brut.
- 31 août 2013 : La compagnie Cliffs Natural Resources est responsable d’un déversementde 450 000 litres (2 830 barils) de mazout à ses installations dePointe-Noire (dont 5 000 litres se sont retrouvés dans la baie de Sept-Îles).
- 8 avril 2015 : Le MV Marathassa déverse du combustible de soute dans la baie desAnglais, à Vancouver suite à un
incident. Environ 2700 litres (17 barils) de carburant sont rapportés avoir été
déversés dans les eaux.
- 19 mai 2015 : Un déversement de 383 000litres (2400 barils) « pétrole brut lourd transporté par les installations
de production extracotières » survient près des côtes de Santa Barbara, Californie.
La marée noire s’étend sur près de 32km de côtes.
- 15 juillet 2015 : 5 millions de litres (31 000 barils) d'un mélange de bitume, de sableet d'eaux usées sont déversés près de Fort McMurray, Alberta, suite à une fuite
d'un oléoduc appartenant à l'entreprise Nexen.
Fil
conducteur?
En y regardant de plus près, un triste constat
s’offre à nous et sert de dénominateur commun à ces évènements: dans la plupart
des cas, les incidents et/ou leur ampleur sont le résultat d’une défaillance des
mesures de surveillance et/ou d'urgence devant assurer la
« sécurité » des installations, de l’environnement et des communautés.
Tel est le cas pour l’indicent de Kalamazoo, où
l’alarme qui permettait de détecter les fuites a été ignorée et l’oléoduc remis
sous pression 2 fois plutôt qu’une! À Terrebonne, la compagnie
responsable n’a même pas avisé les autorités municipales du déversement. À
Sept-Îles, la compagnie Cliffs Natural Resources a vu sa gestion des évènements
remise en question et un rapport d’enquête du MDDELCC a conclu que les
procédures de la compagnie étaient en contravention avec la Loi sur la qualité
de l'environnement. Il aura fallu plus de 12 heures avant que la ville de
Vancouver ne soit avisée du déversement par les autorités fédérales lors de l’indicent
à la Baie des Anglais. À Santa Barbara, l’existence de la marée noire n’a pas
été détectée par l'équipement de surveillance, mais plutôt de plaintes d'une
odeur nauséabonde près de Refugio State
Beach. Enfin, l’évènement de Fort McMurray semble indiquer que le système de
détection de fuite n'a pas été déclenché…
Apprentissage
à la dure?
Soit! Malgré le déversement de pétrole survenu à
Fort McMurray, nous n’aurons pas fini d’entendre la cassette affirmant que les oléoducs
sont plus sécuritaires que tout autres moyens de transport d’hydrocarbures.
Pourtant, il n'en demeure pas moins que ceux-ci sont responsables de plusieurs
incidents, année après années (Figure 1).
En réalité, la véritable question n'est pas de
savoir quel type de moyen de transport est le plus sécuritaire, mais plutôt de
savoir si nous sommes enfin prêts à véritablement réduire notre dépendance aux
énergies fossiles, et ce, à tous les niveaux – domestique, sociétal et
économique? Sommes-nous prêt de nous affranchir sérieusement et graduellement
des énergies fossiles afin de migrer vers l'efficacité énergétique et
l'utilisation accrue d'énergies renouvelables?
Exit la rhétorique simpliste voulant que cette
transition ne puisse se faire du jour au lendemain! Cela fait déjà plus de
15ans qu’on nous l’a sert, et nous avons suffisamment de cordes à notre arc
pour emboîter le pas vers un futur sobre en carbone.
Combien de cas extrêmes de déversements nous
faudra-t-il encore pour nous en convaincre?
Devrons-nous apprendre à la dure?
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